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Les p'tites histoires de Mae
2 novembre 2013

Halloween

___31 octobre. Tous les enfants du quartier avaient revêtu un costume. L’un était un squelette, l’autre une momie, celui-là un fantôme… Ces enfants ne faisaient pas spécialement peur aux gens, mais ils étaient si mignons. Evane se promenait dans les rues éclairées faiblement par les lampadaires, se frayant un chemin entre tous les enfants. Ceux-ci tentaient de lui faire peur par des « bouh ! » et ils s’indignaient de la voir rire. 
___Evane avait bien mieux pour avoir peur ce soir. Elle regarda la colline qui lui faisait face. On disait que le manoir qui y reposait était hanté par des entités maléfiques. La jeune fille y était déjà allée, mais seulement en journée et rien ne s’était produit. Peut-être qu’il se passerait quelque chose le soir d’Halloween. 
___Ses amis lui avaient tous déconseillé d’y aller, mais c’est parce qu’ils avaient peur. Pourquoi une fête pour enfants changerait-elle quelque chose à ce manoir ? Elle y entrerait, il ne se passerait rien et elle rentrerait chez elle. Les entités maléfiques, ça n’existait pas, que ce soit Halloween ou tout autre jour. 
___Bientôt, elle quitta la ville animée pour marcher sur un sentier mal éclairé et sinistre. Ce sentier menait seulement au manoir hanté et n’était pas entretenu. Au fil des années, les ronces avaient envahi le chemin, les racines se dressaient tels des obstacles, les arbres semblaient encore plus morts que ceux de la ville. Alors que toute personne aurait eu peur de ce sentier, Evane, elle, le traversait sans crainte.
___Quelques minutes plus tard, après s’être débattue avec une branche qui lui barrait la route, Evane se trouvait devant l’entrée du manoir. Autrefois, ce manoir avait été une grande demeure victorienne. On disait que ses anciens occupants avaient été tués par les entités maléfiques. 
___La porte sortait de ses gonds, la peinture était écaillée. D’ici, on pouvait voir la tapisserie au mur arrachée, les planches du parquet dépasser du sol, les toiles d’araignées dans les moindres recoins. L’endroit, sans même y entrer, donnait la chair de poule. Mais au contraire, Evane se délectait de ce spectacle. Peut-être enfin aurait-elle peur.
___Elle entra dans la maison abandonnée en enjambant le trou dans le parquet. Un bruit sourd derrière elle. Elle se retourna violemment. La porte normalement entrouverte venait de se fermer.
___Seule. 
___Mais elle ne fut pas en proie à la panique. Le mois de novembre arrivait, et il n’était pas rare que de violents coups de vent frappent la région. Elle monta dans les escaliers rongés aux mites, slalomant entre les nombreux objets divers à terre : bougies tombées des bougeoirs, bibelots, fleurs fanées et un étrange objet qui n’avait jamais été là : un ours en peluche à qui il manquait un œil. D’où venait-il ? Qui l’avait mis là, alors que personne mis à part elle ne venait ? Elle décida de ne pas se poser plus de question et continua sa route. 
___La lune était presque pleine cette nuit-là, si bien qu’Evane n’avait pas besoin d’utiliser sa lampe de poche. Si bien qu’un rayon lumineux passant par la fenêtre aux carreaux éclaira un objet. 
___L’ours en peluche.
___La jeune fille s’approcha, espérant au fond d’elle-même apercevoir la moindre différence avec celui des escaliers.
___Il n’y en avait pas. Il lui manquait un œil aussi. Et pour la première fois de sa vie, elle eut peur. Elle jeta un œil dans les escaliers. La peluche avait disparu. 
La panique l’envahit. Il se passait véritablement quelque chose dans ce manoir. Elle dévala l’escalier le plus vite possible, trébucha, se releva. Elle agrippa la poignée et la secoua frénétiquement en s’apercevant que la porte refusait de s’ouvrir. Mais elle ne se laissa pas submerger par sa terreur. Elle était dans une maison hantée un soir d’Halloween sans aucun moyen de sortir. Si seulement elle avait cru à ces histoires de fantômes. Si seulement elle avait eu peur. 
___Puis elle l’aperçut. La porte. Au fond du couloir principal, une porte venait d’apparaître. Elle ne savait où cette porte menait, mais c’était sa seule chance. 
Elle se mit à courir, courir encore plus vite pour rejoindre cette porte. Mais plus elle s’en rapprochait, plus elle s’éloignait. Evane courait dans le vide. Elle sentit une présence à ses côtés, elle hurla, se débattait. Peu à peu, des dizaines de fantômes maléfiques l’entouraient, tentant d’entraîner la jeune fille avec eux. Elle continuait de courir en vain, la porte ne se rapprochait jamais. Des larmes commencèrent à rouler le long de ses joues. Celles-ci lui brouillaient la vue. Si bien qu’elle ne vit pas l’enfant-fantôme jeter un ours en peluche à qui il manquait un œil devant elle. 
___Surprise, Evane tomba à terre. 
___Personne ne sut jamais ce qu’il était advenu d’elle.

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